Au fil des déambulations urbaines qui parcourent la pente et lèchent le rivage, on découvre ainsi, en une alternance de perspectives cadrées et de panoramas grandioses, les paysages d’une ville qui célèbre les beautés de son site entre mer et montagne.
Le quartier de la créativité et de la connaissance : Une urbanisation en terrasses, un jardin en glacis.

Ce nouveau quartier qui rassemble le jardin Alexandre Ier et le site de l’ancien Hôpital Chalucet, s’inscrit pleinement dans ce dialogue urbain fondateur entre montagne et mer. Bénéficiant d’une situation « double », à la fois terrasse littorale, d’où l’on pressent la mer, et site de piémont, d’où l’on perçoit les crêtes, ce nouveau quartier bordé par la rue Chalucet et l’Avenue Lazare Carnot aux belles perspectives montagneuses, s’installe dans une topographie propice à la mise en scène de cette double appartenance. Formes urbaines et promenades nous parlent, ici, d’ascension vers le Mont Faron et de doux glissement vers le littoral.

Une histoire de Jardins et de Promenades

Une pièce majeure de la promenade Henri IV

Le site Chalucet : un maillon clef du « collier vert »
Projet structurant de l’urbanisme Toulonnais, la promenade Henri IV incarne le concept du « Collier vert » métropolitain qui associe en coeur de ville, dimension paysagère et vision écosystémique.
S’appuyant au nord, sur les traces de l’ancien rempart et le parc des Lices, cette promenade qui se déploie jusqu’au port puis remonte vers la place d’Armes et le jardin Alexandre Ier, se projette, par delà la voie ferrée, en une boucle continue dans laquelle l’ancien Hôpital Chalucet constitue aujourd’hui un verrou.

La promenade Henri IV : une promenade métropolitaine comme socle du nouveau quartier.

Bénéficiant d’une position clef – au débouché de la passerelle ferroviaire et sur les parcours vers la gare (noeud modal de la cité) – le futur quartier de la créativité et de la connaissance s’inscrit pleinement dans l’ambition métropolitaine qui préside à la création de la promenade Henri IV. Conciliant enjeux environnementaux, patrimoniaux, paysagers et urbains, ce nouveau quartier constitué du Jardin Alexandre Ier et des terrasses du site de l’ancien hôpital Chalucet invite à la constitution d’un « jardin étendu » autour du lien nord-sud de cette promenade.

La promenade Chalucet : Une séquence de la promenade Henri IV, armature paysagère du jardin étendu

Autour de la rue Chalucet et organisant les espaces du quartier en une succession de cours, parvis et jardins, la promenade « Chalucet» donne corps à ce lien nord-sud en traversée du quartier. Axe repère, elle accueille et met en scène les nouveaux équipements (ESAD TPM et pépinière d’entreprises numériques TVT, KEDGE BS, médiathèque) et introduit les logements (Voile Blanche). Axe de diffusion, elle articule les passages et traversées du quartier, elle
en parcourt la pente et en révèle les panoramas. Axe des jardins, elle réunit en un vaste ensemble, jardin bas (Alexandre Ier) et jardins hauts aux abords des nouveaux bâtiments.

Une longue histoire de jardins /Connaissance et créativité

à l’occasion de l’exploration historique du jardin Alexandre Ier et du site de l’ancien hôpital Chalucet, les ressources documentaires que nous avons pu découvrir et complétant celles fournies, se sont révélées pleines d’enseignements. Elles témoignent d’un riche passé de jardins, que les siècles ont progressivement transformés, réinterprétés, ou encore déplacés. Le projet s’est nourri de cette histoire féconde et extraordinaire pour infiltrer les espaces du quartier, donnant corps au jardin étendu qui accompagne l’édification de ces nouveaux lieux de la de la créativité et de la connaissance.

Aux origines, les trois jardins : le jardin de l’Hôpital de la Charité, le jardin du Roi et le jardin botanique de la Marine.

Le plan relief de Toulon (1794), nous révèle à cette époque, sur le site de l’ancien Hôpital Chalucet – jardin Alexandre Ier, et à leurs abords, la présence de trois jardins qui vont concourir à la notoriété de la Ville : à l’Ouest, se dressait autrefois l’hospice de la Charité dont on devine, au pied des bâtiments, le jardin en parterres réguliers et les bassins alimentés par le Béal qui ponctuaient sa terrasse. À l’Est, s’étendait le jardin du Roi créé sous Louis XIV pour la production des oignons à fleurs. Il fournissait alors à profusion les maisons royales parisiennes. Son immense jardin clos planté d’orangers était doté de larges bassins d’irrigation encadrant la demeure. Au centre (3), s’établissait sur des terrains loués par la Marine à l’administration des hospices civils, le jardin botanique de la Marine royale. Témoin d’un siècle à la soif de connaissance insatiable, celui des lumières, ce jardin fut créé à une époque où la recherche et l’acclimatation des plantes générèrent une intense activité. Seulement trois jardins botaniques de la Marine royale existeront en France, le premier sera inauguré en 1741 à Rochefort, puis suivront Brest en 1768 et Toulon en 1785. Ils sont créés pour recevoir, acclimater puis réexpédier et diffuser les spécimens. Le jardin des plantes au coeur de ce réseau devient alors entre 1739
et 1788, sous la direction de Buffon, le premier établissementscientifique d’Europe au service du Roi puis de la Nation. L’histoire du jardin botanique, jardin de port par excellence, est principalement liée à l’enseignement de la médecine, de la chirurgie, et de la botanique dans le corps de la Marine. Si sa vocation première est de produire des médicaments pour soigner les maladies tropicales et carentielles des équipages, sa mission fondamentale sera de former les officiers de santé. à Toulon comme à Rochefort, cette école a suscité bien d’autres motivations (recherche fondamentale, industrielles, alimentaires, ornementales, pharmacopée…) et bien des plantes introduites et acclimatées sur ces 8000 m2 font aujourd’hui partie de notre paysage. C’est en effet, pas moins de 3289 plantes que nous trouvons recensées dans le « catalogue des plantes cultivées au jardin botanique de la Marine royale du Port de Toulon » par Robert en 1821. Ces espèces conservées sur place et cultivées intriguent et passionnent. Pour satisfaire les curieux, il est finalement ouvert aux visiteurs et devient lieux de promenade. C’est ainsi que Flaubert nous livre un texte magnifique relatant sa visite en 1849. (voir chapitre 2.3.2 La promenade botanique Chalucet).

De l’hôpital de la charité à l’hôpital Chalucet, des trois jardins au jardin de ville XIXème

C’est après 1850 que le site connaît de profondes transformations qui conjuguent à l’extension « hausmannienne » de la ville et à ses plans d’embellissement, l’agrandissement de l’Hôpital. Cette nouvelle configuration entraîne la disparition du jardin du roi et le « déplacement titanesque » du jardin botanique vers la presqu’île de Saint-Mandrier. Le jardin de l’hôpital agrandi en deux phases, devient alors, jardin public associant habilement tracé pittoresque de l’époque et préservation du tracé régulier des allées en croix des jardins antérieurs. Les sculptures ponctuent les
perspectives du « jardin de la ville » tandis que le végétal façonne des ourlets touffus et intimistes qui accompagnent et ombragent les promenades.

Les altérations progressives du jardin de ville.

C’est en 1925 avec la construction du monument aux morts, concomitante à l’édification du palais de justice, que le jardin de ville connaitra ses premières « altérations » ou « détournements ». Ces modifications successives, toutes opérées pour de nobles causes, vont néanmoins perturber son inscription urbaine et appauvrir notablement les qualités du jardin : 1925 perte de sa façade d’entrée principale supplantée par le monument au mort; 1989 effacement de la composition initiale par un équipement fonctionnel du jardin ; 2004 amputation de sa rive Est par la
création de la MAMI.

Le projet.

Une belle promenade de la terrasse de la créativité et de la connaissance au jardin Alexandre Ier

Les portes du quartier, balises des temps de la ville

Si coté gare, la terrasse de la connaissance et de la créativité dominée par le bâtiment signal de l’ESAD exprime les ambitions résolument contemporaine du nouveau quartier, sa porte sud constituée par le jardin Alexandre Ier, le musée des beaux-arts et le palais de justice, témoigne de son ancrage patrimonial fort. Entre ces deux portes emblématiques, se tisse la trame d’un jardin étendu qui s’inscrit amplement dans la trame urbaine et façonne le site du nouveau quartier.

Sur les traces des jardins, au fil de la promenade «Chalucet»

Cette histoire de jardins, prégnante sur le site, nous a laissé de nombreuses traces qu’au travers du nouveau quartier de la connaissance et de la créativité, le projet invite à redécouvrir. Du cyprès chauve, ancêtre planté en 1812 et dernier témoin du jardin botanique, aux tracés réguliers des allées en croix du jardin de ville, en passant par la structuration du site en terrasses, à la ponctuation du pavillon d’entrée ou encore aux perspectives
des rues, les occasions sont nombreuses et servies par un riche patrimoine arboré.
Si la restauration du jardin Alexandre Ier s’inscrit dans les pas de son histoire pour renouer avec les qualités de composition et d’ambiances du jardin de ville, la promenade Chalucet, en écho à la mémoire de cet extraordinaire jardin botanique de la Marine, en réinterprète librement l’esprit curieux et inventif. Elle dessine le lien qui en traversée du site irrigue le nouveau quartier et colore les différents espaces publics. La promenade Henri IV s’étoffe, ici, en promenade botanique.

à la rencontre de deux trames urbaines : une porosité nouvelle

De la trame Haussmannienne à la trame moderne, le projet urbain comme un entre deux:
établir le nouveau quartier dans la continuité des tissus / recréer l’articulation entre les deux trames
à l’Est, l’ancien établissement hospitalier a figé la partie haute du projet pendant plus d’un siècle. à l’Ouest une trame oblique, perpendiculaire aux fortifications, s‘est constituée autour du boulevard Carnot libérant de grands îlots.
La proximité du tissu haussmannien de la gare, relié par les traversées du jardin Alexandre Ier dans l’axe de ces dernières nous a incité à tramer l’ensemble du site sur un pas de 40 à 45 mètres. Ce choix permet une grande perméabilité de la nouvelle composition du site.

Retisser le site d’est en ouest

Au nord, l’avenue Rageot de la Touche borde l’ESAD TPM et sa pépinière d’entreprises numériques TVT et permet sa desserte fonctionnelle. La venelle, séparant l’ESAD TPM et sa pépinière d’entreprises
numériques TVT des logements de la voile blanche, dessert les entrées traversantes du premier bâtiment de logements « haut ». L’allée des chênes, poursuite de la rue Mirabeau, rejoint l’avenue Rageot de la Touche et dessert dans le cadre d’une seule entrée/sortie la totalité des espaces de stationnements du projet.
La porte Gimelli, ancien pavillon d’accueil de l’hôpital réhabilité, dernière est proche des accès à la MAMI).
Dans l’axe de la rue Peiresc, l’allée centrale perpendiculaire au mail nord-sud du jardin remet en scène la porte de la courtine et la fontaine du buveur. Réhabilitée et avancée vers l’Est, elle permet de dégager l’arrière des bâtiments de la MAMI et lui redonne, ainsi qu’à la crèche, un accès aisé. Dans l’axe de la rue Revel, une dernière liaison permet en passant derrière le Monument-aux-Morts de retrouver le bas de l’avenue Carnot.
Toutes ces perpendiculaires débouchent d’une façon ou d’une autre pour donner une réelle porosité à la recomposition générale du site.

Desservir le quartier du nord au sud :

à l’Ouest, la jonction Carnot / Rageot de la Touche traverse le jardin et donne accès à la médiathèque depuis l’école Mistral et la MAMI. Au centre, la recomposition de l’axe du jardin Alexande Ier permet de rejoindre le parvis de la médiathèque et de poursuivre vers le boulevard Toesca ou vers la rue Rageot de la Touche. A l’Est, un axe doublé amplifie le passage de la promenade Henri IV. Il associe recomposition de la rue Chaluçet (traitement des carrefours et élargissement du trottoir, suppression des stationnements côté jardin) et promenade à travers les quartiers
de la connaissance et de la créativité (en partant du boulevard du Général Leclerc jusqu’à la traversée SNCF).

Intervenants :
Maitre d’ouvrage : Ville de Toulon
Maitre d’œuvre mandataire : Vezzoni & associés
Associé (Jardin et Aménagements urbains) : HYL
OPC et économiste :
BET VRD : Cerretti
Bureau de contrôle :
CSPS :